top of page
Rechercher
  • zalkemya

J'ai suivi une formation d'enseignant en yoga à Mysore!


Le jour de la cérémonie de clôture et de remise des diplôme de yoga ashtanga à Samyak. Moi tout fer avec à gauche Nagendra et à droite Rakesh.


Une voix de trop pour parler du yoga ?


Cela fait un moment que je rêvais de partager mon expérience en Inde et ma formation professorale en yoga Ashtanga – ou Yoga Teacher Training. Mais face à la profusion de témoignages et d’articles comparatifs sur les meilleures écoles, cette démarche a-t-elle encore un sens en 2022 ?


J’ai beau me croire aventurier, je n’ai fait qu’emprunter un sillon creusé par des milliers d’occidentaux avant moi pour tracer la route vers les racines du yoga. Ah, c’est sûr que j’aurais bien voulu vivre au temps d’Alexandra David-Néel ou même d’Indra Devi ! Si c’est pour faire une revue objective des pours et des contres et « raconter » les critères à retenir, ce n’est sans doute pas très intéressant. Cependant, je trouve que partager mon ressenti et l’atmosphère des lieux a toujours quelque chose de savoureux. La subjectivité est finalement un outil précieux. Je ne parlerai sans doute pas à tout le monde, mais à certains qui se posent des questions.



Le souk des formations de yoga


Quand j’ai commencé mes démarches, il y a bien des années, j’avais déjà remarqué la jungle que représentait l’offre de formations en yoga. Il commençait à y en avoir partout. Et je me suis vite buté sur une autre question : quel type de yoga ? Pour quoi ? Pour qui ?


A l’époque, j’étais assez dilettante. Je pratique depuis mes 9 ans presque en autodidacte, après avoir pioché un mois ici ou un mois là quelques influences dans une association ou un club de fitness sans grand fil conducteur. Je glanais souvent des astuces en visionnant des vidéos sur Youtube. Mais mon amour pour les arts martiaux et la relation maître-disciple dans son aspect le plus noble m’a toujours porté vers un voyage à l’étranger et en petit comité. Plus qu’un sport, le yoga est à mes yeux un style de vie avec son parfum et sa philosophie.


Depuis quelques années, j’ai aussi eu la certitude par la pratique que le yoga qui me correspondait le mieux était le yoga ashtanga, dit yoga du guerrier. Je dis merci à Caro et au club de yoga Ashtanga perdu dans ma petite ville aux confins de l’Amazonie française, à Saint-Laurent du Maroni. Nos cours sous le préau de l’école maternelle pendant que tombait la mousson la nuit m’ont clairement aiguillé vers mon style de yoga.


Cela a déjà fait un premier tri.



Se former prêt de chez soi pour le confort, malgré tout ?


A Montréal, où je vis maintenant, on trouve a priori des formations de bonne qualité dans de nombreux styles. Ce qui n’était pas le cas il y a encore dix ou vingt ans.


Pourtant, quand je regarde l’offre dans les clubs de « gym », je me demande vraiment si les cours proposés ont le moindre rapport avec la voie yogique. On affiche le mot yoga pour le marketing, car après des siècles de désintérêt, c’est une pratique dans le vent. Pourtant, les termes anglophones comme « power tonic yoga » (et leurs cousins) ne m’évoquent pas grand-chose. On dirait surtout de l’aérobic singeant quelques postures de yoga célèbres, avec peut-être une pincée d’étirements sortis de leur contexte.


C’est plate. Comme on dit ici au Québec. Personnellement, je dirais que c’est ridicule et injurieux.


Qu’est-ce que le yoga au fond ? L’immobilité de l’esprit. Une quête spirituelle, mais pragmatique dans notre vie d’être humain. C’est l’union. Une union qui naît à partir du moment où le souffle, le mouvement, le regard et l’intention convergent en un seul point en conscience. Cela n’a pas grand rapport avec les pratiques à la mode dont on fait un business.


De toute façon, en lisant, vous comprenez déjà que je voulais partir aux sources, en Asie.


Un argument rationnel est aussi qu’en Europe ou au Canada, on nous propose souvent des formations longues sur l’année qui conduisent à sacrifier la plupart des week end. Et à mélanger dans un affreux glubi bulga des activités comme remplir le cadi au supermarché, nettoyer la litière des chats et préparer les prochains audits de l’entreprise à notre formation intensive. C’est ce que j’ai fait durant toute l’année dernière dans l’étude de la massothérapie. Et c’est tout ce que je ne voulais pas pour mon perfectionnement en yoga.


De plus, je l’ai vu aussi en massothérapie, on a l’impression d’avoir du temps pour intégrer en formation longue. Pourtant, on est tenté de moins pratiquer.

Alors qu’en intensif, il n’y a aucune autre distraction. Pas même les réseaux sociaux ou les théâtres. Il ne reste que soi face à sa pratique. Et on doit bien justifier tous les sacrifices consentis pour en arriver à ce lieu lointain et ce temps consacré qui passera bien vite, qu’on le veuille ou non.



Partir en Voyage à Mysore


Autant dire tout de suite que j’y suis allé au flair.


J’ai consulté des avis sur internet, j’ai épluché minutieusement les sites des écoles… tout en sachant qu’il n’existait pas d’endroit « parfait ». Le but était simplement d’éviter les mauvaises pioches.


Ce serait à moi de faire fructifier mon expérience au contact des autres élèves et des instructeurs. D’ailleurs, pour moi, cette formation était tout autant un moment d’acquisition de connaissances, qu’une immersion culturelle et une initiation personnelle. La personne qui est enseignée est aussi importante que la personne qui enseigne dans ce processus, tout comme le moment auquel est prodigué la transmission et le contexte dans lequel elle se produit.



Comme je voulais aller dans la région de naissance du yoga Ashtanga - et de renaissance des yogas modernes, d’ailleurs, mes pas m’ont mené à Mysore, dans l’état du Karnataka. J’ai choisi en confiance l’ashram Samyak Yoga, dans la campagne sur la rivière Cauvery (Kavéry).


Et je n’ai pas été déçu.


Par la suite, j’ai appris que de très nombreux Français y viennent, d’ailleurs. Nombreux sont les profs chevronnés qui ont fait un séjour là-bas.


Samyak Yoga enseigne sur le modèle de transmission traditionnel du gurukulam. C’est-à-dire que les étudiants vivent avec leur enseignant et baignent dans l’apprentissage y compris dans les gestes de tous les jours. En plus de cours théoriques et pratiques, on accepte donc d’épouser temporairement un rythme de vie et certaines valeurs favorables à la discipline du yoga. Je reste aussi convaincu qu’il n’est pas pareil de recevoir un cours de la part d’un professeur capable de parler sanskrit et de vous expliquer toute la nuance des Upanishads (pendant des mois si vous le voulez !), que de suivre une formation de personne qui ne sont pas de cette culture.



Le parampara, la lignée philosophique


Le parampara est l’un des aspects que je trouve les plus beaux dans le mode de transmission asiatique. Socrate parlait à ses élèves en se promenant dans Athènes. Les druides transmettaient oralement à leurs élèves.


Et maintenant, nous pensons qu’un PDF ou un cours sur Udemy vaut la même chose que le savoir et l’expérience de générations accumulées.


Car il ne suffit pas d’avoir une lecture technique pour ressentir l’esprit et voir la couleur d’une tradition. Le parampara, c’est une chaîne ininterrompue de valeurs et de savoirs transmis de maître à élève et renforcée au fil des âges… depuis des millénaires.





C’est aussi très déculpabilisant, de se dire qu’on n’a pas à porter la vie d’une discipline sur ses épaules, mais qu’on ne fait que l’accompagner comme le maillon d’une chaîne. C’est un savoir vivant, que les écrits seuls ne peuvent transcrire.


J’ai pu ressentir le soutien procuré par le parampara une première fois dans mon apprentissage du Nuad Bo Rarn (massage traditionnel) à Chiang Mai, en Thaïlande, en 2019, à l’école ITM. Car tous les praticiens sont liés par une origine et un but commun, qui créé, ou du moins devrait-ce être le cas, une fraternité. Même si on se sent bourgeon, on est un maître en devenir, porté par sa tradition et le collectif.


C’est pourquoi, voler un livret de formation et copier des vidéos Youtube ne permettra jamais d’égaler l’enseignement porté par un élève direct. Au-delà des mots, une énergie est offerte tel un cadeau.



Une immersion qui laisse toute la place à la croissance du yoga

Je ne vais pas vous cacher que le premier mot qui me vient pour qualifier mon expérience est intense.


La fatigue, le doute, les douleurs font parties d’un quotidien bien réglé et qui a le mérite de ne pas laisser place aux questions foireuses de notre esprit. De manière inexorable, à 6h 30, l’enseignant va pénétrer la shala (salle de pratique du yoga) et débuter le chant du mantra d’ouverture. Il faudra donc être douché et échauffé sur son tapis dès 6h.


Cela implique de mettre le réveil encore plus tôt, 6 jours sur 7. Et de se coucher comme les poules à 22h, à de rares exceptions. Il faut dire que la décharge d’énergie libérée dans les entraînements donne vite envie de se coucher sur les coups de huit heures après le repas du soir.


Honnêtement, on a l’impression d’être une pile de linge battue par les lavandières pendant toute la journée : essorée, secouée et étendue sur un fil offert aux vents quand vient le temps de s’effondrer sur sa couche.



Être confronté à ses limites


J’avais lu que les entraînements intenses et répétées sans répits au fil des jours et des semaines pouvaient user jusqu’à la corde. Quand bien même on s’est préparé physiquement, intellectuellement, moralement.


Ce sont des flots de sueurs, d’efforts, de mots en sanskrits et de pratiques d’apparence loufoques qui vous attendent. Je pense aux mantras, aux kryias… J’avais même été un peu traumatisé par des lectures de blogs de professeurs de yoga parlant de professeurs intransigeants face à l’épuisement et de ruptures ligamentaires !!!


Cela n’a pas été jusque-là. Néanmoins, peu d’élèves ont traversé le mois sans récolter aucune blessure, si minime et temporaire soit-elle. De mon côté, je me rappelle n’avoir pas pu lever le bras gauche pendant plusieurs jours. J’avais déjà une corde de guitare dans le bras qui roulait parfois à l’effort, avant de venir en Inde. Mais, les efforts extrêmes n’ont pas arrangé les choses.

Aussi, s’asseoir en tailleur en cours de philosophie ou au repas du soir a fini par me devenir insupportable, tant les ligaments et cartilages de mes hanches et genoux étaient échauffés. C’est bien simple, je pouvais sentir avec acuité toute la surface de la tête de mon fémur et de ma cavité acétabulaire en m’endormant le soir.


Les professeurs nous invitaient à respecter nos limites du jour, même si elles reculaient de plus en plus et que je m’appuyais fortement sur la rampe en descendant les escaliers. Incroyable, quand je pense que mon corps collaborait à la magie de la séance matinale à tous les asanas.


J’avais pour moi le fait de n’avoir aucune attente.



Le mandala de fleurs que nous avons réalisé ensemble pour la cérémonie de clôture


Dans le sens où je n’attendais rien de ce stage intensif. Et c’était voulu. Je ne voulais pas être déçu de ma capacité à lier des liens profonds avec les autres stagiaires, ou de la qualité de la formation, ou du voyage en tant que tel. Donc je l’ai pris vraiment comme une aventure à vivre au temps présent, sans penser à l’après. Sans même me demander si je « rentabiliserai » ou non cet épisode de ma vie en enseignant un jour le yoga.


Je le vivais comme un défi et une réalisation personnelle. Et cela aide, quand on est poussé dans ses derniers retranchements. « Au bout du rol’s ! » Comme dirait mon amie Charlotte.


Préparé ou non, on atteint tous ses limites. On se sculpte dans une douleur, qu’elle soit physique, mentale ou émotionnelle. Bien sûr, je recommande fortement de pratiquer tous les jours une heure plusieurs mois avant de venir. Ce n’est pas une blague ! Être souple, courir dix kilomètres ou connaître le nom de certains asanas ne suffit pas. Tout le monde finit par heurter le mur de ses limites, car la marge de progression est illimitée.


J’avoue sans honte avoir eu des pensées d’abandon avant la fin de la première semaine.

« Je ne vais jamais y arriver. C’est trop dur. Je ne suis pas à la hauteur. Comment ai-je pu croire un instant que j’étais préparé ? »


En ce qui me concerne, ce n’est sur le plan du corps mais du moral que j’ai le plus enduré.


Inconsciemment, même sans esprit de compétition, je m’étais convaincu que j’étais mauvais comparé aux autres. Il y avait bien deux danseuses professionnelles dans le groupe, des gens très jeunes autour de la vingtaine, des apprentis acrobates. Mais il y avait aussi des personnes plus âgées, d’autres avec des problématiques physiques. Ceux qui me dépassaient par un aspect avaient eux aussi leurs limites ailleurs. Et tout cela, mes yeux ne semblaient pas vouloir le voir. Il fallait toujours être meilleur, être parfait. Jusqu’à la douleur.


Ce n’est que petit à petit que j’ai fini par élargir mon regard, à voir que les autres fatiguaient aussi au fil des semaines, que chacun avait ses émotions et ses peurs à sa façon.


Au final, j’ai compris que personne ne me mettait la pression à part moi-même. Et dire que je n’avais « pas d’attente ». Qu’est-ce que ça aurait été avec un tempérament aussi exigeant si j’en avais posé ?!



Se voir changer


Malgré une forme d’adversité, où l’on se sent baisser chaque jour en vigueur, eh bien, on se renforce néanmoins.


Nous avons l’illusion que les courbatures et la fatigue abaissent nos performances. Mais c’est parce que les professeurs augmentent imperceptiblement le niveau. Et l’on suit, sans s’en rendre compte, car nous avons le nez dans le guidon ! Ils sont rusés.


J’ai pu sentir mon esprit se cuirasser pour accepter certains inconforts et ne plus « gémir » intérieurement. En même temps, je me suis vu gagner en souplesse mentalement pour être moins dur avec moi-même.



Une petite victoire personnelle


J’ai vaincu une forme de phobie avec certaines inversions ou positions d’équilibre !


Il m’avait par exemple fallu payer un coach personnel pendant trois mois en 2021 pour m’accompagner dans ma peur de faire l’arbre droit.


La tête en bas, mais quelle horreur !


Ce n’est pas comme ça que je me le disais. J’avais vraiment envie d’y arriver. Mais mon corps paniquait quand je m’éloignais trop du plan vertical habituel.

Et je tombais.


A Samyak, on m’a poussé à un autre niveau, non pas par performance, mais par pleine confiance dans le fait que chacun sous-estime ses propres capacités en s’auto-sabotant. Concrètement, j’ai travaillé sur Sirsasana, le headstanding, que je ne me sentais pas capable de faire par peur de me briser la nuque.




Et puis, petit à petit, à force de le répéter tous les jours au saut du lit et non une fois tous les 36 du mois (oui car quand on a peur on repousse), mon corps a fini par y prendre ses repères et l’intégrer dans un schéma de normalité. Cette posture est devenue acceptable pour lui.


Certes, j’utilise encore beaucoup le mur.

Mais je pars d’un refus catégorique d’essayer, si personne n’est là pour me tirer les chevilles au ciel. Et j’arrive à un stade où je monte en douceur en effleurant à peine le mur par pur besoin de vérifier sa présence, au cas où. On ne sait jamais.


Je repars avec plus de confiance mais aussi de modestie. Cette modestie créé un espace de croissance intérieure favorable à l’expérimentation et au progrès. Ainsi, si je me pensais très souple des jambes, j’ai pu constater que je n’étais pas au bout du chemin dans certains asanas où l’on est venu pointer que le bas de mon dos devait à son tour s’étirer pour aller plus loin.



Ce que j’ai préféré


* Le cadre

ous habitions dans un bâtiment convivial en forme de U, avec une cour centrale arborée, où les élèves jouaient souvent au badminton. Une imposante allée de cocotiers mène vers un ponton entouré par une bambouseraie au bord de la rivière Cauvéry, au bord de laquelle se dressait d’ailleurs une shala extérieure que nous avons utilisé quelques fois.



Pour l’anecdote, la pluie est tombée fortement quelques jours et la rivière est sortie de son lit. La shala extérieure a été submergé entièrement pendant une semaine, ainsi que le rez-de-chaussée d’un bâtiment annexe où vivait deux élèves. D’ailleurs, les eaux ont flirté avec les abords de notre bâtiment nous donnant l’impression quelques temps d’être un vaisseau fantôme dans les brumes du matin au chant des paons.






A notre arrivée comme à notre départ, nous avons vécu une cérémonie plus formelle avec des tenues traditionnelles portées par les enseignants et des mandalas de fleurs odorantes au sol. J’ai adoré.


Nous partagions aussi beaucoup de moments ensemble : promenades, repas, assis en tailleurs devant nos tables individuelles.





S’il était très appréciable d’avoir des cuisiniers pour que tout soit prêt après nos sessions, nous étions tenus de ranger et nettoyer avec discipline notre vaisselle, nos coussins et nos tables à la fin des repas.


Les chambres étaient assez spacieuses, mais d’un confort spartiate. Entendre par là que si le lit était grand, il était fait d’un sommier de bois à la mode indienne. La douche coulait souvent froide pendant de longues minutes. Nous avions parfois des coupures de courant. L’internet était lent. Et il fallait faire sa propre lessive à la main presque tous les jours, en guettant une météo favorable pour que le linge ait une chance de séché sur les fils du toit couvert.


Malgré tout, je dormais tellement bien et je me sentais vraiment comme à la maison.



* Un enseignement complet et parfois déroutant


J’ai beaucoup aimé les cours de philosophie. Dans ce cours, j’ai pu raccorder les pointillés entre les différentes phases de l’histoire du yoga, ses styles, certaines superstitions et voir aussi toute la liberté offerte par notre expérimentation personnelle.


Les asana clinic, nous apprenaient par ailleurs à décomposer les postures d’un point de vue anatomique, à faire des ajustements sur les autres élèves pour nous préparer à enseigner.

Si j’ai eu plus de mal avec les kirtan, j’ai fini par attendre avec impatience ce rendez-vous du soir à 19h30. Je me suis rendu compte que j’étais beaucoup plus avancé que je le croyais en pranayama, au regard du reste du groupe.


En fait, je crois que j’ai aimé toute l’expérience dans son ensemble !


Y compris les étranges kryias (purifications). Me faire passer de l’eau salée par le nez avec un arrosoir orange fluo a été un grand cap psychologique. Surtout que nous étions tous face à face dans le jardin ! Par contre j’ai aimé l’ambiance mystérieuse de trataka, la purification du regard, où nous scrutions tous ensemble dans le noir la flamme d’une lampe à huile sans ciller.



Ce que j’ai moins aimé…


Alors, ici je vais être d’une honnêteté brutale.


J’aimais beaucoup le groupe fait de personnalités hautes en couleurs. Mais pendant les heures d’asana clinic, beaucoup me tapaient sur le système. Le niveau de bruit des bavardages était parfois assourdissant et je trouvais certains élèves irrespectueux des enseignants par cette attitude agitée.


Ceux-ci étaient d’une patience et d’une pédagogie archangélique et n’ont jamais eu à élever la voix.


Mais à mon niveau, le bruit était fatiguant. Le manque de savoir-vivre m’a beaucoup travaillé. Si j’avais eu un sabre à portée de main, quelques têtes auraient volées...


Je me suis rendu compte que tout le monde ne prenait pas l’expérience aussi au sérieux que moi. D’ailleurs, nous avions un groupe très jeune. Sur 22 personnes, la moitié avaient autour de 20 ans. J’ai fini par me radoucir en me disant que c’était de leur âge et que c’étaient leurs vacances après tout. Ils étaient courageux de venir seuls pour un mois intensif de yoga.


Finalement, la beauté de la chose est que chacun repart avec une expérience différente et en retire quelque chose à son niveau en fonction de ce qu’il était ouvert à recevoir.



Mysore


Une fois par semaine, nous avions quartier libre.


Les indiennes choisissaient parfois de profiter de l’ashram vide pour se reposer dans une ambiance plus contemplative (parfois les voisins mettaient de la musique un peu forte à l’heure de la sieste, ah jeunesse !). Mais la plupart des élèves bravaient la fatigue pour aller explorer la ville voisine, aller au restaurant, faire du shopping et trouver quelques soieries en souvenir.





L’ashram nous facilitait énormément les choses en assurant les appels des taxis que nous prenions en groupe de quatre ou cinq. La ville de Mysore reste un joyeux fouillis, comme toute ville indienne de ce nom. Mais à l’inverse de la capitale régionale, Bangalore, horreur tentaculaire de béton et de déchets, Mysore reste une ville à taille humaine.


On peut s’y promener à pieds en sécurité, sauf si on à l’idée de traverser le rond-point central prêt du palais. Courez pour vos vies !


C’est très exotique, mais on retrouve quelques fameuses vaches en liberté entre les scooters, les rickshaws et les étals des marchés.





Dans la ville, on peut s’approvisionner en épices, en essence de parfums (gare aux contrefaçons !!), en pashmina, sari et pièces de soie, que certains tailleurs pourront coudre sur mesure pour vraiment pas cher et avec une rapidité impressionnante. La ville est aussi étrangement réputée dans toute l’Inde pour ses savons au santal, un produit régional à ne pas manquer.



Comme dans beaucoup de lieux en Inde du sud, on peut y savourer des dosas, ces crêpes indiennes. Pour ma part, j’ai adoré atterrir chez un monsieur dont la femme roulait des bâtonnets d’encens à la main et qui nous a montré son antre d’alchimiste. Des dizaines de flacons d’essence extraite par pression à froid ou enfleurage nous attendaient. Comment résister au lotus antimoustique, à la rose, au santal ou au jasmin noir. J’ai reçu un hochement d’approbation de mon enseignant quand j’ai dit que mon cœur avait cédé pour un flacon de Jakaranda, une plante très bonne pour les douleurs en massage et le soin de la peau.


Mon expérience la plus atypique est d’avoir osé demander si je pouvais entrer dans un minuscule temple de Shiva qui avait l’air fermé. La famille qui s’en occupait m’a accueilli à bras ouverts. Ils avaient l’air de le gérer comme un centre communautaire bien vivant qui donnait beaucoup de repas gratuits aux pauvres. Une future mariée de la famille procédait à ses essayages magnifiques sur une scène avec sa témoin. Et l’on m’a invité à manger le repas communautaire. Autant dire que j’étais un peu l’attraction et que le cuisiner bourré comme le beau-frère me regardaient manger seul, en riant et en me posant des questions.





Je me sentais tellement pataud sans ustensiles et sous la surveillance de tous ces yeux. Les gens étaient toujours un peu choqués ou surpris que je mange de la main gauche, on dirait que ça porte malheur là-bas, mais on comprend venant d’un étranger.



Le climat et la saison en rapport au cours de Yoga


Je redoutais grandement les chaleurs étouffantes. Surtout : que depuis que je rêve de venir faire mon stage de yoga, depuis quinze ans, le réchauffement climatique a eu le temps de s’imposer comme une réalité tangible. Incendies, inondations et cyclones terrifiants frappent partout dans le monde entier.


Mais, franchement, c’est une bonne pioche. Tout le monde vous dira que l’été est la mauvaise saison. C’est la saison des pluies. Mais la mousson n’est pas là tous les jours. Et quand on fait du yoga dans un ashram, même si tout est ouvert, on est quand même beaucoup « à l’intérieur ». Et quoi de plus puissant et poétique que le bruit de la pluie quand on médite ?


Je vais vous dire, en lisant les témoignages suffoqués d’anciens stagiaires sur des blogs parlant de l’Inde, je m’attendais à pire. Mais venir en cette saison fraîche était un coup gagnant. Le Karnataka, surtout au centre, a un climat frais et humide la plupart de l’année. On est bien loin des terres craquelées et des chaleurs suffocantes.


En plus, où je me trouvais, l’air était très pur et respirable car nous étions loin des grandes agglomérations.



Mon mot de la fin


Foncez ! Que ce soit pour une belle expérience de vie, une immersion culturelle, des rencontres, une coupure, ou préparer votre future carrière, une retraite ou un stage professoral de yoga en Indonésie, Thaïlande, Inde… est une expérience unique et nourricière !


Je ne peux que recommander mon ashram, Samyak Yoga, avec Rakesh Shivarama et Nagendra pour enseignants.


EN SAVOIR PLUS

Retrouvez-moi en vidéo Youtube pour parler de cette expérience :


27 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page